L’histoire de l’eau et celle des hommes sont intimement liées. De ce fait, la recherche de points d’eau a longtemps mobilisé les énergies et les premières civilisations sont nées sur le cours des grands fleuves nourriciers. Aussi, cette ressource qui répond aux besoins fondamentaux de l’homme est un potentiel économique important particulièrement pour générer et entretenir la prospérité à travers certaines activités telles que l’agriculture, la pêche, la production d’énergie, l’industrie, le transport et le tourisme. Cependant, l’eau douce qui ne représente que 2,5% du volume total de l’eau de la planète (97,5% pour l’eau salée) est inégalement répartie à la surface de la Terre.
Le territoire béninois est constitué à plus de 80% de formations de socle. Ces formations renferment des ressources en eau souterraine qui constitue la seule source en eau potable de certaines populations. L’amélioration des connaissances sur les ressources en eau souterraines et leur gestion ne peut être effective sans un suivi adéquat desdites ressources. Ce suivi porte non seulement sur l’évolution de la ressource en eau elle-même du point de vue quantitatif et qualitatif, mais aussi sur les usages, les risques liés à l’eau, etc. Dans ce système, on retrouve le réseau piézométrique national (RPN) mis en place pour la surveillance quantitative des nappes à travers des mesures de niveau statique (NS).
Le Réseau Piézométrique National (RPN) suivi par la DGEau et les Services Eau dans des zones (en principe) non influencées par des pompages est constitué d’un ensemble de piézométrique réparti sur l’ensemble du territoire national.
Brève historique du réseau piézométrique national (RPN)
L’historique du réseau piézométrique national se présente comme suit :
Le premier réseau piézométrique du Bénin a été mis en place entre 1988 et 1989 par le projet « Assistance à la Direction de l'hydraulique pour la préparation d'un Plan Directeur des ressources en eau » (Projet BEN-85-004 sous financement du PNUD). Ce réseau était constitué de 37 piézomètres dont 30 pour surveiller les deux aquifères du Continental Terminal (CT) et du Quaternaire du Plateau d'Allada et 7 pour les sables du Maestrichtien. Ce réseau comprenait 11 forages préexistants (BOAD 87) non équipés de pompe, 25 forages du projet BEN-85-004 et 01 piézomètre près de Godomey, réalisé pour la SBEE pour contrôler le biseau salé.
De 1990 à 1991, dans le cadre du projet « Inventaire des ressources en eau souterraine du Bénin » financé par la Banque Islamique de Développement (BID), 41 piézomètres ont été construits dans la zone du cordon littoral. Le nombre de piézomètres par site varie d’un à quatre en fonction des faciès en présence. Certains piézomètres étaient constitués d’anciens forages et de piézomètres distant de 15 à 20 m, parfois jusqu'à 100 m. C’est le cas des ouvrages de Lanta-Cogbé (Commune de Covè), de Yokon (Commune de Zogbodomey), de Ganhonou-Houssa à Nazoumè Gare (Commune de Kpomassè). Ces ouvrages avaient été réalisés afin de déterminer les paramètres hydrodynamiques de l’aquifère tels que la transmissivité et le coefficient d’emmagasinement.
Par la suite, des forages mis en place dans le cadre des programmes d’hydraulique villageoise dont les eaux étaient de qualité douteuse (excès de nitrates et/ou de fluor) ont été intégrés dans le réseau piézométrique surtout dans le département des Collines et à Illikimou (commune de Kétou).
De 2004 à 2015, l’intérêt pour une meilleure connaissance des eaux souterraines s’est accru avec l’adoption de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et a favorisé la reprise d’anciens piézomètres hors service pour aboutir à la mise en place du réseau piézométrique actuel. L’expérience aidant, les piézomètres ont été mieux protégés : un grand nombre de piézomètres de première génération sans protection réelle avaient en effet été détruits (bouchés, vandalisés ou démolis) ; durant cette même période une quarantaine de piézomètres ont été équipés d’appareils enregistreurs avec l’appui du PPEA notamment ;
En 2017, le démarrage du projet d’Appui à la Gestion des Eaux Souterraines (AGES) de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN/BGR) a permis d’équiper et d’activer huit (08) ouvrages de suivi des eaux souterraines dans la portion nationale du bassin du Niger. Il s’agit de cinq (05) piézomètres précédemment suivis par la DGEau à savoir Zougou Pantrossi, Piami, Koutakroukou, Guéné-Laga et Monkassa et de trois forages en exploitation à savoir Gbéssaka, Iloua et Gando Dunkassa.
En 2018, la DGEau a bénéficié de l’appui du Programme Sectoriel Eau, Hygiène et Assainissement (ProSEHA2) de la Coopération Allemande pour réhabiliter 15 piézomètres dans les départements de l’Atacora, du Couffo, de la Donga et du Mono. Il a été réalisé aussi quatre (04) nouveaux piézomètres pour suivre des faciès géologiques non pris en compte jusque-là dans les départements de l’Atacora. Cet appui s’étend aussi à l’acquisition de quinze (15) enregistreurs automatiques (7 Orpheus et 8 Thalimedes).
De 2018 à 2019, grâce à l’appui du royaume des Pays-Bas par le programme OmiDelta, l’état des lieux du réseau piézométrique a été réalisé. Le résultat permettra d’activer l’ensemble du RPN par les travaux de réhabilitation et d’acquisition d’enregistreurs.
Dans ce réseau piézométrique, on y trouve des piézomètres multiples. Il peut s’agir d’un seul ouvrage à grand diamètre équipé sur différentes profondeurs en fonction des aquifères rencontrés. Ces piézomètres multiples peuvent se retrouver côte à côte dans une même protection (muret) ou dans plusieurs protections contigües. C’est souvent le cas des piézomètres du cordon littoral et sur certains autres sites comme Ganhonou-Houssa (Nazoumè-Gare). Dans d’autres cas, il s’agit de piézomètres dans des ouvrages distincts le plus souvent rapprochés.
Au total, le RNP rationalisé est composé de 97 sites avec 103 piézomètres. De ces piézomètres, trois sont des forages en exploitation dans la portion nationale du bassin des Ilemenden (Kandi) (Gbéssaka, Iloua et Gando Dunkassa). Figure 1.

Situation des piézomètres par bassin hydrographique
Le bassin hydrographique est le cadre approprié de planification et de gestion des ressources en eau. Un bassin versant hydrographique est un territoire sur lequel tous les écoulements des eaux convergent vers un même point, nommé exutoire du bassin versant. Ce bassin bien qu’il soit très impliqué dans les études des eaux de surface n’est pas sans intérêt pour le suivi des eaux souterraines.
Le Bénin compte quatre (4) bassins hydrographiques qui sont: le bassin de l'Ouémé/Yéwa, le bassin du Niger, le bassin de la Volta et le bassin du Mono-Couffo.
Tableau 1: situation du réseau piézométrique national par bassin hydrographique
Bassin national |
Superficie (Km²) |
Proportion (%) |
Nombre de piézomètres | Poids dans le réseau national (%) | Densité du réseau pour 1000 Km2 |
Ouémé-Yéwa | 48906,94 | 43% | 56 | 57,2 | 1,14 |
Niger | 44422,46 | 39% | 20 | 20,4 | 0,45 |
Volta | 15056,21 | 13% | 11 | 11,2 | 0,73 |
Mono-Coufo | 6377,53 | 6% | 11 | 11,2 | 1,72 |
National | 114 764 | 100 | 98 | 100 | 1,01 |
Les bassins de l’Ouémé et du Niger comptent le plus grand nombre de piézomètres. Ces deux bassins ne présentent pas la plus forte densité à cause de leur importante étendue. La forte densité est détenue par le bassin du Mono-Couffo quand bien même ce bassin à moins de piézomètres suivi du bassin de la volta. Figure 2
Situation des piézomètres par bassin hydrogéologique
Un bassin hydrogéologique est une aire de collecte considérée à partir d'un exutoire, limitée par le contour à l'intérieur duquel se rassemblent les eaux qui s'écoulent en souterrain vers cette sortie. La limite est la ligne de partage des eaux souterraines
Tableau 2 : situation du réseau piézométrique par bassin hydrogéologique
Bassin national |
Superficie (Km²) |
Proportion (%) |
Nombre de piézomètres | Poids dans le réseau national (%) | Densité du réseau pour 1000 Km2 |
BS Côtier | 13 000 | 11,3 | 44 | 44,9 | 3,38 |
BS Kandi | 8 700 | 7,6 | 09 | 9,2 | 1,03 |
BS Pendjari | 9 600 | 8,4 | 10 | 10,2 | 1,04 |
Socle | 83 464 | 72,7 | 35 | 35,7 | 0,42 |
National | 114 764 | 100 | 98 | 100 | 1,47 |
Le bassins sédimentaire côtier a le plus grand nombre de piézomètres suivi de la zone de socle. Le bassin sédimentaire de Kandi a moins de piézomètres. Figure 2
